Deauville ou la réactualisation de la balkanisation de l’Afrique

Publié le par ESPACERDA

 

Deauville ou la réactualisation de la balkanisation de l’Afrique


Cinquante années d’indépendance poussaient à espérer que l’intégration politique, par la voie fédérative, serait possible. Au terme de la construction des Etats Nations africains. Parce que le recours aux cercles concentriques devrait hâter la maturation ou l’incubation du fédéralisme en Afrique. Mais l’atomisation des acquis obtenus en matière d’unité africaine, la non consolidation des pré-requis en économie communautaire et la perturbation du leadership africain incitent à interroger l’avenir. Parce que les puissances d’argent giflent, sans arrêt, le développement de l’Afrique.

Certaines turbulences enregistrées en Afrique depuis janvier 2011 confirment aussi l’invocation du choc des civilisations. Mais il ne faut pas que l’Afrique bascule bien que l’Occident estime que le chaos doit rester notre modèle et que les Africains refusent de se comporter en bâtisseurs de sociétés. Attention, un autre leadership se pointe…



La réunion du G8 à Deauville édite, après celles de la Baule et de Nice, la détermination de l’Occident à ponctionner l’Afrique. Sous le nez et la barbe des Africains qui sont, toujours, divisés. Ou qui restent des victimes d’une spoliation. Wade, Youssouphou, Ouattara et Condé sont les autres chairs à canon utilisées pour empêcher l’amorçage du fédéralisme capable de réduire, à terme, la vulnérabilité dans laquelle le non développement plonge nos populations. Il est temps, maintenant, que les populations africaines se battent pour neutraliser la balkanisation devant la féroce volonté de l’Occident de perpétuer, à suffisance, son hégémonie.



Malheureusement, c’est comme si nos États étaient pilotés pour empêcher la réussite de l’intégration politique en Afrique, la création de richesse et la promotion de l’emploi. Le non-emploi, le mal vivre, l’enrichissement illicite et la déconstruction sont, aujourd’hui, les maux dont souffre notre continent. Et son impuissance s’apprécie, sans conteste, dans l’accentuation du chaos. Après Diouf, Compaoré, Bédié, Tandja (pour ne citer que ceux-là), nous notons la naissance, depuis Deauville, d’un club animé par des responsables dont la dimension et la vision ne permettent, guère, de prétendre à une éventuelle promotion du fédéralisme en Afrique.



Par ailleurs, il est à noter les métastases de l’électoralisme en Afrique qui minent, sans limite, nos ressources financières. Détruisant, par là même, une élite qui ne se déploie que dans la conquête ou la conservation du pouvoir, oubliant, volontairement, le chaos dans lequel elle plonge les peuples. L’élection est, à nos jours, pire que toutes les pathologies en Afrique. D’ailleurs, les Africains naviguent, depuis une cinquantaine d’années, dans les eaux troubles de la conflictualité, de l’électoralisme et du détournement, sans réserve, de notre patrimoine par une élite politique qui oublie qu’il ne faut pas manger la poule aux d’or.



Notre insécurité, en Afrique, est à conceptualiser ; l’absence de futur est, aussi, à problématiser. Ayons le courage d’entreprendre, avec responsabilité et abnégation, des transformations radicales pour structurer l’économique avant que le dessin de l’Occident ne soit réalisé. C’est une urgence. En évitant, surtout, le recours à des réformes bricolées.



Deauville rappelle, sans nuance, la volonté des puissances occidentales à rendre vivace le discours de Victor Hugo qui confirmait le fait que l’Afrique est l’avenir de l’Europe. Le refus de l’intégration politique africaine, la neutralisation du leadership panafricaniste, la prise en otage par l’Otan de Ghadafi révèlent la nouvelle offre politique de l’Occident, après l’élimination de Saddam et la liquidation de Ben Laden. L’Afrique et l’Islam constituent, après la Conférence du G8, les modèles encombrants à liquider. Pour que le capitalisme puisse prospérer, pomper nos ressources et faire disparaître toutes les figures de proue capables de construire l’intégration politique africaine.



Condé, Ouattara et certaines autorités religieuses d’obédience occidentale sont les nouveaux agents de l’Universalisme occidental. Chargés qu’ils sont de mettre les menottes aux mains des consciences individuelles africaines capables, aujourd’hui et demain, d’assurer, avec panache, la promotion de l’intégration politique et économique du continent. Les hoquets politiques dans les Etats membres de l’Union africaine, l’incitation au désordre et le poids de la corruption ne doivent, point, empêcher à l’Afrique de s’émanciper et de se développer. Seulement, l’élite aurait intérêt à changer de mentalité, à quitter le mimétisme et à cesser de traiter par analogie en matière de pratique de démocratie participative.



Wagane FAYE Professeur d’Anglais

Expert Associé à Cared Afrique

 

Publié dans Afrique

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V
<br /> Si effectivement, compte tenu de son faible score au premier tour de l'élection en Guinée, on peux s'interroger sur la victoire de Condé au second tour il me parait hasardeux d'en conclure qu'il<br /> est l'homme de l'occident comme l'est Ouattara. La carrière de Diallo et les fraudes au premier tour en faveur de son challenger laissent à penser que son cas n'est pas comparable à celui de la<br /> Côte d'Ivoire<br /> <br /> <br />
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