Cheikh Anta DIOP: « Redresser la tête, se tenir debout »

Publié le par espacerda.over-blog.com

Cheikh Anta DIOP: « Redresser la tête, se tenir debout »

DEUX grandes périodes marquent l’itinéraire politique de Cheikh Anta Diop, militant qui s’engage dans la lutte anticoloniale dès 1947. Jusqu’en 1960, il lutte pour l’indépendance de l’Afrique et du Sénégal et contribue à la politisation de nombreux intellectuels africains en France. Entre 1950 et 1953, il est secrétaire général des étudiants du Rassemblement démocratique africain (1) et dénonce très tôt, à travers un article paru dans La Voix de l’Afrique noire, l’Union française, qui, « quel que soit l’angle sous lequel on l’envisage, apparaît comme défavorable aux intérêts des Africains ». Poursuivant la lutte sur un plan plus culturel, il participe aux différents congrès des artistes et écrivains noirs et, en 1960, il publie ce qui va devenir sa plate-forme politique : Fondements économiques et culturels d’un futur Etat fédéral en Afrique noire.

Dès l’indépendance, il retourne dans son pays, lutter contre ce qu’il considère comme le centralisme de Leopold Senghor et oeuvrer pour la construction d’un paysage politique plus démocratique. Se consacrant à la recherche, il fonde en 1966 un laboratoire de datation des échantillons archéologiques par la méthode du radiocarbone, en collaboration technique avec le laboratoire de Gif-sur-Yvette du Commissariat à l’énergie atomique (CEA).

PARALLÈLEMENT, il crée successivement trois formations politiques : le Bloc des masses sénégalaises en 1961, le Front national sénégalais en 1963 et le Rassemblement national démocratique (RND). Les deux premières sont dissoutes par le président Senghor. Le RND, fondé en 1976, crée un journal, Siggi, qui signifie en wolof « redresser la tête », devenu plus tard Taxaw, « se tenir debout », contribue à l’essor d’un syndicat paysan (Syndicat des cultivateurs et éleveurs du Sénégal), envoie des étudiants à la campagne, fait sauter le verrou du multipartisme restrictif (2) et commence à avoir une très forte audience dans le pays. L’homme, qui est capable d’électriser les foules dans les réunions publiques, ébranle la présidence de Leopold Senghor. Mais c’est seulement en 1981 que le RND obtient sa reconnaissance officielle. Après les élections législatives et présidentielle de 1983, accusant le pouvoir de fraudes, Cheikh Anta Diop décide de ne pas siéger à l’Assemblée nationale.

Par son intégrité morale, son refus de toute compromission, son infatigable combat pour la reconnaissance des droits du peuple, des langues nationales et du panafricanisme, l’homme politique, rappelle Madior Diouf, l’actuel secrétaire général du RND, « a largement et dignement servi l’avancée de la démocratie au Sénégal ».

( 1 ) Le RDA est créé en 1946 et est alors dirigé par Félix Houphouët-Boigny.

( 2 ) Au moment où Senghor impose la reconnaissance de trois seuls partis, le RND se maintient dans l’illégalité comme quatrième formation politique du pays.


Source: Le Monde diplomatique

 

Publié dans Afrique

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K
<br /> CE Qu'ON NOUS CACHE SUR LES NOIRS<br /> <br /> Qui a intérêt à institutionnaliser et à perpétuer cet état de fait?<br /> <br /> A l'ère de l'Internet, la société civile veut savoir et doit savoir.<br /> <br /> C'est fini les prérogatives attachées à un microcosme autorisé à rentrer dans le secret des dieux<br /> <br /> et à manipuler l'information (avec des lignes éditoriales finement tendencieuses), servant aux français du pain et des jeux.<br /> <br /> Bienvenue Internet!<br /> <br /> "Panem et circences" ne suffit plus; aujourd'hui la société civile ne se contente plus d'avaler des vérités institutionnelles,<br /> <br /> Non seulement elle veut se faire sa propre opinion mais elle va chercher et débusquer la réalité de ce qu'on cherche à lui cacher<br /> <br /> <br />
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