Privilégiés

Publié le par ESPACERDA

 

Privilégiés



Vivre avec 411 euros par mois. Manger, s’habiller, se laver, se chauffer, parfois se déplacer. 411 euros, c’est ce que touche une personne seule, allocataire du RSA-socle : moitié moins que le seuil de pauvreté.

 

Le filet ultime qu’une société civilisée accorde à ses citoyens les plus fragiles car elle estime indigne de les abandonner. Qui peut, en toute rigueur, pour ne pas parler d’humanité élémentaire, prétendre que ces gens sont des privilégiés ? L’offensive de la droite politique et médiatique contre le «cancer» de l’assistanat fleurit comme un marronnier quand, pour serrer les rangs, il faut s’inventer des boucs émissaires. Et aviver le possible ressentiment de ceux qui travaillent beaucoup pour pas grand-chose contre ceux qui n’ont rien. Electoralement, ça peut payer, c’est même l’objet de la manœuvre.

 

Philosophiquement, se dévoile aussi à travers ces débats «sans tabous» l’image de la société idéale pour la droite : douce, infiniment douce avec les plus riches, qu’un ISF simplement raisonnable pourrait heurter ; compréhensive, tellement compréhensive avec les exilés fiscaux qui ont bien le droit d’échapper à leurs devoirs ; mais impitoyable, résolument impitoyable, avec les bénéficiaires des minima sociaux, suspects d’être roublards et fainéants. La présence de Martin Hirsch dans l’équipe Sarkozy-Fillon et l’adoption du RSA laissaient imaginer que la droite pouvait penser contre elle-même. A un an de la présidentielle : retour du refoulé.

 

Nicolas Demorand

 

Source: Libération

Publié dans Social

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article