En Somalie, «les prix des produits de base ont augmenté de 300%»

Publié le par ESPACERDA

 

En Somalie, «les prix des produits de base ont augmenté de 300%»

 

Une mère et son enfant à l'hôpital Banadir, le 19 juillet 2011 à Mogadiscio, en Somalie.

Une mère et son enfant à l'hôpital Banadir, le 19 juillet 2011 à Mogadiscio, en Somalie. (AFP Mustafa Abdi)

 

Selon l’organisation pour des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), 12 millions de personnes ont actuellement besoin d’une aide humanitaire d’urgence dans la Corne de l’Afrique. Avec 3,7 millions de personnes dans le besoin, la Somalie est le pays le plus touché par la sécheresse dans cette région. L’Onu a même déclaré une situation de famine dans deux régions du sud du pays, le sud de Bakool et Lower Shabelle. Basé à Nairobi, au Kenya,Yves Van Loo fait partie de la délégation du Comité international de la Croix-rouge en Somalie. Il décrit la situation de malnutrition sur place, aggravée par l’instabilité politique.


L’Onu a déclaré aujourd’hui que la famine touchait deux régions du sud de la Somalie, le sud de Bakool et Lower Shabelle. Qu’ont constaté vos équipes sur place?


Je pense d’abord qu’il ne faut pas s’interroger sur la terminologie, si l’on peut vraiment parler d’une famine ou non. Nous n’attendons pas le mot famine pour intervenir. Mais oui, il y a bien détérioration de la situation, dans l’ensemble du pays d’ailleurs. Le nombre d’enfants de moins de cinq ans admis dans nos structures - 39 cliniques et 18 centres de nutrition thérapeutiques en Somalie, ndlr - a doublé ces trois derniers mois.


Vous étiez vous-même à Mogadiscio...


Sur place, nous avons surtout constaté une arrivée importante de populations à la recherche de nourriture. Mais ces mouvements sont relativement organisés. Ce ne sont pas des millions de personnes sur la route. Ceux que nous avons rencontré venaient plus particulièrement des régions du centre et du sud du pays, celles de Bay et de Bakool.


La sécheresse actuelle en Somalie est-elle exceptionnellement grave?


C’est une région qui connaît régulièrement des sécheresses et des inondations. Les paysans ont l’habitude de gérer les crises. Mais ces derniers mois, la gravité de la situation s’est accentuée. La sécheresse s’est étendue sur l’ensemble du territoire cette année, alors qu’elle ne touche d’habitude que des «poches», certaines régions du pays. Nous en sommes à la deuxième saison perdue pour les agriculteurs somaliens. Concernant l’eau dans le pays, il y en a, mais il faut creuser plus de puits. Et aider les agriculteurs à produire plus. Aujourd’hui, la Somalie n’arrive pas à produire à hauteur de ses besoins.


Le problème de production s’est-il donc aggravé?


Oui, on voit le problème s’amplifier, d’autant plus que la nourriture devient plus chère et plus rare. Sur les trois derniers mois, les prix de produits de base comme le riz ont augmenté de 300%. Cela s’explique, certes, par le manque de production, mais aussi par un problème d’organisation: la guerre civile et l’instabilité politique aggravent tout cela. L’Etat n’est pas là pour aider, et beaucoup de pression s’exerce sur les organisations humanitaires, présentes dans le pays.


En 2009, les milices islamistes shebab avaient poussé les travailleurs humanitaires étrangers au départ…Leur contrôle rend-il votre travail plus difficile?


Personnellement, nous avons toujours pu travailler, nous n’avons pas eu de difficultés particulières sur ce point. Pour nous, il s’agissait surtout de sécurité: pendant un moment, en 2009, il était dangereux pour nous de travailler à Mogadiscio, vu l’intensification des combats. Mais dans l’ensemble, nous n’avons jamais été gênés dans notre accès au territoire, partout dans le pays.



Valentine PASQUESOONE

 

Source: Libération

Publié dans Interviewes

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