Éric Silla, conseiller au Sous-secrétariat d’Etat américain aux affaires africaines : Obama- Karim, « c’était du théâtre»

 

Éric Silla, conseiller au Sous-secrétariat d’Etat américain aux affaires africaines : Obama- Karim, « c’était du théâtre»

 

Le conseiller spécial du Sous-secrétaire d’Etat chargé des Affaires africaines conseille au président Wade de ne pas pousser trop loin le bouchon pour se présenter à l’élection présidentielle de 2012.Cela risque, selon Eric Silla, de ‘rompre le contrat social’ au Sénégal. C'est pourquoi, il invite le Conseil constitutionnel, s'il est saisi, de prendre une ‘décision objective et transparente’.Il l'a fait savoir, hier, sur les ondes de Radio France internationale.Quant à la poignée de main entre Barack Obama et Karim Wade, il la considère plutôt comme du ‘théâtre politique’.

 



 

(Correspondant permanent à Paris) - Ce n'est pas seulement une partie des Sénégalais qui récusent une éventuelle troisième candidature du président Wade en 2012. Des observateurs internationaux et des partenaires du Sénégal n’en veulent pas non plus. C'est le cas d'Éric Silla, conseiller spécial du Sous-secrétaire américain Johnnie Carson. Il l'a fait savoir hier sur les ondes de Radio France internationale (Rfi) où il était interrogé par Christophe Boisbouvier sur les évènements des 23 et 27 juin dernier. ‘Quand il y a des émeutes comme on l'a vu il y a quelques semaines, nous avons des inquiétudes’, a répondu Eric Silla au journaliste de Rfi. Mais c'est pour tout de suite ajouter que ‘de toute façon, nous avons confiance aux institutions démocratiques sénégalaises, dans la tradition de la société civile au Sénégal’.



Quant à la candidature du secrétaire général national du Pds, Eric Silla souligne qu'il faut que le Président Wade ‘respecte la Constitution’. ‘Et si cela doit aller à la Cour constitutionnelle, elle doit prendre une décision objective et transparente’. Eric Silla estime que, ‘dans toutes les démocraties, il y a un contrat social…Et ce qu'on a vu depuis un certain temps, c’est que si le Président Wade pousse trop, cela pourrait rompre le contrat social au Sénégal parce qu'il y a tellement de gens qui sont contre’, insiste-t-il.

 

De façon générale, le conseiller spécial du sous-secrétaire d'État Johnnie Carson est d'avis que la tradition dans certains pays d'Afrique où des chefs d'Etat restent au pouvoir trop longtemps lui pose ‘des inquiétudes’. Avant d'insister : ‘Il faut que tout chef d'État pense à sa succession, à son héritage, à l'avenir démocratique de son pays. Ce n'est pas à nous de dire si tel ou tel doit quitter le pouvoir ou non, mais nous encouragerons, nous partenaires, à penser à la stabilité ( de leur pays)’. Il cite le cas du Nigeria où Olusegun Obasanjo avait voulu changer la Constitution pour se représenter aux élections présidentielles, et que son peuple lui avait opposé un refus catégorique. ‘Ce n'est pas à nous de dire de changer de Constitution pour l'avantage du sortant. Ce n'est pas à nous de dire si c'est bon ou non. On a vu, il y a quelques années au Nigeria, que Obasanjo a essayé de changer la Constitution pour se présenter aux élections. Dans ce cas, les Nigérians ont réagi et ça échoué. C'est un bon exemple de la démocratie ‘in action’ comme on dit en anglais. Ça peut être un modèle pour les autres’, explique le conseiller spécial du sous-secrétaire d'Etat américain chargé des affaires africaines.

 

POIGNEE DE MAIN ENTRE KARIM WADE ET BARACK OBAMA : ‘C'est du théâtre politique’, estime Eric Silla

 

Analysant la poignée de main entre Karim Wade et Obama sous les yeux de Nicolas Sarkozy, Eric Silla botte en touche. ‘C'était le choix du président Sarkozy de présenter Karim Wade à Barack Obama. Mais c'est un problème interne du Sénégal’, fait-il valoir en ce qui concerne les commentaires qui ont entouré cette rencontre. ‘Personnellement, je n'ai pas de commentaires à faire. C'est peut-être du théâtre politique. Le vrai problème, ça se passe au Sénégal’, insiste Eric Silla en faisant valoir qu'il ne connaît pas la réaction du Président Barack Obama concernant cette poignée de main surprise.

 

Pour la lettre ouverte écrite au peuple sénégalais par Karim Wade, Eric Silla a sa petite appréciation :‘C'est une bonne chose de dire qu'il combat la dévolution monarchique du pouvoir.Comme le Sénégal a une très forte tradition constitutionnelle et démocratique, c'est une chose à laquelle tous les Sénégalais doivent s'attendre.’

 

Moustapha Barry

Source: Wlfadjiri



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