DELESTAGES ET DEPENDANCES ENERGETIQUES: SORTIR DES TENEBRES C’EST POSSIBLE *

Publié le par ESPACERDA

DELESTAGES ET DEPENDANCES ENERGETIQUES: SORTIR DES TENEBRES C’EST POSSIBLE *

 

Le réseau nous coute des fortunes et les délestages continuent. Les pannes d’électricité ont touché sporadiquement toutes les régions du Sénégal depuis 2006. Jamais autant de vulnérabilités n’étaient apparues simultanément. L’avenir reste incertain. Certains ont prédit les ténèbres mais il semble que c’est plutôt une sorte de mini big bang qui se profile à l’horizon et qui risque d’installer le Sénégal dans un énorme trou noir presque irréversible.

Le réseau nous coute des fortunes et les délestages continuent. Les pannes d’électricité ont touché sporadiquement toutes les régions du Sénégal depuis 2006. Jamais autant de vulnérabilités n’étaient apparues simultanément. L’avenir reste incertain. Certains ont prédit les ténèbres mais il semble que c’est plutôt une sorte de mini big bang qui se profile à l’horizon et qui risque d’installer le Sénégal dans un énorme trou noir presque irréversible.


Devant cette situation de délestages continue et généralisée, l’Etat ne peut pas ne pas intervenir face aux limites prouvées d’un top management de la SENELEC. Les consommateurs du secteur de l’énergie parlent de situation de crise «insoutenable, inadmissible» devant l’absence de communication de crise de la société en charge de l’électricité. Il urge de prendre des mesures adéquates et rapidement.


Le Sénégal doit repenser sa politique énergétique, se tourner vers les énergies renouvelables, impliquer la veille, la prospective et la recherche développement à l’image des pays qui se concentrent sur un développement énergétique durable. Pour cela l’Etat se doit de prendre rapidement des mesures cohérentes et de s’asseoir avec nos voisins africains pour mieux aborder cette question de dépendance énergétique.


La crise énergétique mondiale a commencé à émerger dans les années 1970 ; elle est maintenant entrée dans une phase aiguë pendant la première décennie des années 2000. En Afrique la situation énergétique semble être exceptionnelle avec des délestages en a plus finir, un coût du kilowatt heure cher et un droit a l’électricité dont aucun détenteur ne jouit convenablement.


La société en charge de l’électricité, au Sénégal a beau résister mais la machine résiste mal. Son ancien pilote et commandant de bord, passé actuellement à la tour de contrôle du secteur de l’énergie, du haut de sa vigie, peine dans son pilotage malgré les programmes d investissement 2000/ 2007, le projet d’entreprise « suxali senelec » et le multiples sorties médiatiques prédisant la fin de la crise et la baisse des tarifs.


Le Sénégal doit s’orienter vers les meilleures pratiques en termes de politiques, de techniques et de technologies électriques:

  • Donner les moyens pour émerger et réussir dans les énergies renouvelables

  • Renforcer le partenariat public/privé dans le secteur énergétique et lancer des Offres de types BOT ou BOOT en Hydroélectricité.

  • S’inscrire dans une démarche de Smart Grid* et déployer avec la société nationale en charge de l’électricité un réseau plus efficace, plus fiable dans la distribution et capable de s’adapter aux énergies renouvelables.

 

Un tel plan visant a atteindre les objectifs d’un futur énergétique plus sûr pour le Sénégal doit d’abord prendre en compte les vulnérabilités nombreuses lies aux infrastructures, aux importations pétrolières et a l’ordre mondial et enfin inscrire les énergies renouvelables et l'innovation technologique ( avec les TI) au centre de ses préoccupations.


Les Vulnérabilités du secteur énergétique


Les vulnérabilités ne sont pas seulement théoriques pour le Sénégal et pour ses voisins africains. Elles touchent en premier le réseau et les infrastructures qui sont obsolètes dans certains de leurs compartiments .En fait, l’effondrement d’un de ses segments stratégiques à la suite d’une surcharge, d’un accident, d’un événement climatique peut être considéré comme la vulnérabilité la plus importante des systèmes électriques et c’est ce qui est a l’origine de certaines coupures de courant.

Ces vulnérabilités sont aussi liées à l’ordre mondial et à l’approvisionnement en pétrole. Depuis qu’il est devenu un carburant indispensable dans la conduite de la guerre au cours de la première partie du vingtième siècle, le pétrole s’est trouvé au centre des questions militaires et de sécurité internationale pour devenir un bien économique ayant un caractère stratégique immense.

Notre dépendance forte vis-à-vis des importations de pétrole entraîne un risque élevé de rupture des approvisionnements, ce qui rend ces vulnérabilités plus importantes que jamais du fait que 80 % de la production de la Senelec est liée au pétrole.


Les énergies renouvelables, utopie ou réalité.


Un programme associant des combustibles comme le charbon (qui doit être diminué du fait des émissions de gaz à effet de serre ) aux sources d’énergie renouvelables devrait être entrepris en tant qu’investissement dans un système énergétique soutenable à long terme. Sortir de cette crise veut aussi dire combiner les énergies renouvelables aux T I comme la solution « Smart Grid** ».

En termes d’énergie renouvelable il faut envisager l'hydroélectricité, le solaire, l’éolienne…Il faut dire qu’aujourd’hui le renouvelable est devenu une importante source d’énergie économiquement viable. Rien que L'énergie du vent recèle un potentiel immense pour contribuer à la fourniture d'électricité. Les ressources éoliennes terrestres de l’ensemble du Sénégal pourrait concurrencer la production électrique totale au niveau du pays et le potentiel offshore pourrait même s’avérer encore supérieur. Et il est prouvé qu’une utilisation du sol comme le pâturage est compatible avec les éoliennes et peut s’étendre jusqu'au pied des éoliennes.


Si un problème de sol se pose, l’éolienne offshore peut s’avérer être une solution adéquate car Le développement de l'énergie éolienne offshore offre la possibilité d'éviter la plupart des impacts importants des éoliennes installées à terre - grandes surfaces de terrain nécessaires pour l'espacement des éoliennes. Cependant il faut comprendre que l'implantation d'éoliennes offshore n'est pas exempte de possibles impacts négatifs. Il faudra mettre en place des politiques pour voir comment les contourner.


Le solaire quant a lui constitue une source d’énergie incommensurable pour le Sénégal et l’Afrique au sud du Sahara avec le climat tropical très ensoleillé. Le Sénégal dispose en termes d’énergies solaire d’un vaste potentiel pratiquement inexploité et les ressources en énergie solaire seraient mêmes supérieures à celles de l’énergie éolienne, si la production est concentrée dans les zones à très fort ensoleillement.


Avec la baisse (au cours des deux dernières années) du coût des cellules photovoltaïques, les installations de taille moyenne, peuvent devenir rentables dans ces zones ensoleillées. Le solaire et l’éolien devraient également être associés à l’hydraulique et cette dernière peut être utilisée quand les productions éolienne et solaire sont faibles ou nulles.


Contrairement a certains pays comme l’Afrique du Sud ainsi que d’autres pays africains, où l'eau nous fait cruellement défaut le Sénégal peut envisager l’énergie hydroélectrique. Mieux c’est dans ce domaine précis que la coopération énergétique régionale devra se faire avec des pays comme le Congo qui disposent d'un potentiel fabuleux. Selon Mr Valli Moosa qui dirige l'entreprise sud africaine Eskom (première société africaine dans le secteur de l'énergie) « Un grand projet de construction de barrages sur les parties les plus rapides du fleuve Congo pourrait théoriquement permettre de produire plus de 40 000 MW, soit de quoi alimenter tout le continent », pour dire simplement que l’hydroélectrique a de beaux jours devant elle en Afrique.


Au delà du solaire, de l’éolienne et de l’hydroélectricité, d’autres formes d’énergie doivent être envisagée comme la biomasse, la cogénération et les biocarburants de dernière générations qui ne concurrencent pas les cultures vivrières et ne détournent les terre cultivables. Une telle démarche suppose évidemment des coûts d’investissements importants mais aussi une réelle volonté politique de changer les choses. Volonté politique qui doit précéder les multiples études de faisabilité détaillée commandées par les états africains et qui n’aboutissent à rien.


Il y a également le « Crédit carbone » qui est un mécanisme de financement du « renouvelable ».
Pour cette démarche il faut dire que c’est le protocole de Kyoto visant la réduction des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial, qui récompense les projets respectant l’environnement. C’est une dynamique séduisante et des pays comme le Maroc en ont bénéficié avec l’instauration de technologies de réduction des émissions dans le pays.


Au delà de la question liée à la production, on note plusieurs axes d’améliorations nécessaires à l’optimisation du secteur de la distribution et du transport de l électricité. Handicapée par les faiblesses criantes d’un réseau de distribution électrique défaillant, le Sénégal doit travailler dans la logique de mise en place d’un réseau intelligent entièrement informatisé. Pour cela une collaboration étroite de type PPP doit voir jour pour le déploiement d ‘un réseau de distribution d'électricité plus interactif à terme, grâce aux TI. Avec un partenaire informatique fiable, la Senelec peut arriver a une gestion optimale de l’information électrique.


La presse évoque un nouveau concept de réseau électrique novateur, l’Intelligrid, ou grille intelligente, capable d’assurer une bonne corrélation entre les sources de production et la demande d’électricité, ce en permanence et en temps réel.


Aboubacar Sadikh NDIAYE

Consultant /chroniqueur Indépendant


*Contribution parue dans le magazine Nouvel Horizon – Senegal

**Smart Grid (réseaux de distribution intelligents):Réseau basé sur l’intelligence et les moyens de communication des infrastructures

Publié dans Afrique

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